Arrêter de fumer n'est pas une question de volonté
J'ai fumé. Je fume encore parfois. Je sais ce qui déclenche mon envie de fumer, et, à force d'observer les gens qui fument autour de moi j'ai construit une théorie sur le sujet qui n'engage que moi, et vous, peut-être, si vous voulez essayer de comprendre.
Les personnes qui fument tirent sur leur cigarette comme on s'accroche à la vie sur un masque à oxygène.
Quand on fume on a l'impression de respirer quelque chose de fort qui nous apaise ou nous enivre.
Quelque chose qui nous fait du bien.
Pourquoi?
Parce que l'on fume dans des états de stress.
Des états qui nécessiteraient de s'arrêter de faire ce que l'on fait et de prendre de très grandes respirations d'air pur pour retourner à un état de calme.
Un trop plein d'excitation ou de joie, c'est la clope de l'amitié.
Un boss qui déraille, c'est la clope défouloir.
Après l'amour c'est la clope du blues post coït qui rend moins triste une fois la jouissance évanouie.
Les moments de stress sont des moments positifs ou négatifs, mais il s'y passe quelque chose de déstabilisant pour le corps que la cigarette compense.
Et lorsque l'on a toujours une cigarette à la main?
C'est que l'on ne distingue plus le stress de la norme et qu'il y a un déséquilibre énergétique qu'on ne peut plus affronter.
Fumer c'est respirer de façon assistée.
C'est s'obliger à respirer alors que l'on a les poings crispés.
Est ce que l'on a réellement envie de fumer dans un état de détente absolu? Normalement non.
Mais pour une personne qui ne connait plus la détente, celle ci devient un stress et il faut s'habituer au vide, au calme pour y retrouver une réelle paix et le bonheur.
C'est pour cela qu'arrêter de fumer est si difficile.
C'est pour cela aussi qu'il ne faut pas écouter les mauvaises langues qui disent que c'est une question de volonté. La volonté mettra une rustine sur le problème mais soignera t-elle la cause réelle? Vous rééduquera t-elle au bonheur. A quoi bon arrêter de fumer si c'est pour grignoter la boite d'anti dépresseurs?
Ce que j'aimerais c'est que vous soyez bienveillants avec vous même, que vous n'arrêtiez pas de fumer pour démontrer votre volonté, mais simplement pour recommencer à vous donner l'attention d'une simple respiration.
Le temps de pause qu'il faut pour vous dire que tout cela n'est ni de votre faute ni de celle des autres, mais qu'il y a juste une petite faille, une mauvaise habitude dont il faut prendre conscience et essayer de la transformer.
Arrêter de fumer c'est arrêter de se fixer des objectifs. C'est observer le présent, sentir l'envie monter, la voir venir et commencer à essayer de la comprendre pour pouvoir la contrer plus tard.
Cela risque de prendre du temps, vous risquez d'essuyer des échecs, mais le jour où vous sentirez l'envie, que vous la regarderez en face, et que vous respirerez au lieu d'allumer la clope, vous serez surement très fier de vous, et cette énergie alimentera la lutte d'après, et la suivante, et ainsi de suite pour reconstruire quelqu'un qui n'a plus besoin de fumer pour respirer.
Laure Adjemian
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