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Est-ce que je vis avec un pervers narcissique ?

Pour savoir si vous vivez avec un pervers narcissique et pouvoir agir face à cette personne, il faut en premier lieu tourner le miroir vers vous-même. Il est nécessaire de prendre conscience de votre état, de ce que vous ressentez, et de ce que cette relation vous oblige à vivre ou vous empêche de vivre.

Le sujet c'est de faire ce qui est en votre pouvoir pour changer de point de vue pour vous et comment le faire ?

Le sujet ce n'est jamais l'autre car vous n'avez aucun pouvoir sur l'autre et ce serait vain et présomptueux de votre part d'imaginer que la solution c'est de faire changer l'autre. En effet, on ne transforme jamais les gens, mais on peut transformer nos relations.

Si c'est votre croyance alors il faut mettre fin à cette relation.

En revanche si vous choisissez la voie de votre changement intérieur, voilà de quoi vous aider à cheminer.

 

 "Si vous arrêtez de confondre la personne et son comportement, alors tous les masques peuvent tomber et le travail sur soi peut commencer"

 

 

1. Définir la relation avec un pervers narcissique

Une relation dominant - dominé enfermée dans un triangle de Karpman

La relation de couple se base très souvent sur le fonctionnement du triangle dramatique de Karpman qui enferme les deux partenaires dans le cycle infini : victime - sauveur - bourreau

Dans cette relation il y a deux personnes qui sont des "sauveurs" nés.

Chacune à leur manière elles veulent aider l'autre, non pas en attendant que la personne appelle à l'aide mais en prévenant ses besoins en proposant toujours des solutions dès que l'autre semble être en difficulté

Le hic c'est que dans cette relation très particulière, il y en a un des deux qui va "se nourrir" de l'aide de l'autre de façon très contrôlante. 

Le dominant de la relation va attendre en permanence que l'autre lui renvoie une image positive de lui, alors que lui-même se déteste au plus haut point. 

Le dominant est bloqué dans une position d'attente tout en voulant influencer l'autre et le pousser à se dévouer à lui. 

 

Le dominé, lui, a souvent un grand manque de confiance en lui et va attendre la validation du dominant pour se sentir à la hauteur. D'ailleurs à la base de la rencontre, le dominé a été illuminé par le dominant. Il s'est senti choisi par cette personne qui "semblait" être rayonnante mais qui en fait se détestait.

Le dominant, lui, a vu en l'autre un être "aimable", un être qui lui rappelle ce que lui-même souhaite être et lui a montré, en phase de rencontre, sa meilleure version : la version publique

La version qui fait que tout le monde l'aime, l'admire, l'entoure. 

Sauf qu'avec le temps, cette version demande beaucoup d'effort et d’énergie et qu'une fois rentré à la maison les masques tombent

 

Une évolution vers une relation en deux temps

Alors une fois le couple installé c'est un tout autre jeu relationnel qui prend le dessus, qui s'apparente à une relation toxique.

Le dominant est déçu que l'autre ne continue pas de l'admirer et il est déçu de lui-même de ne pas savoir tenir son masque. Alors il rejette la faute sur l'autre, lui explique que c'est à cause de lui qu'il ne brille plus.

Le dominé, ne comprend pas ce qui lui arrive. Lui qui faisait remonter son estime de lui grâce à son partenaire se retrouve simplement face à lui-même, incapable de remonter son estime de lui et acculé par le traitement humiliant de son partenaire déçu. Il abdique et ne fait que courir après les balles que lui jette son partenaire pour lui renvoyer, afin de lui prouver sa valeur. Et pendant ce temps le dominant se complait dans sa position de victime à qui on ne renvoie jamais la balle comme il, à qui on fait exprès de mal renvoyer la balle

En a résulté un jeu de pouvoir dans lequel le dominé doit en permanence sauver le dominant sous peine d'être humilié, rabaissé. 

 

Tout bascule une fois que le dominé est épuisé, menace de partir, là, le dominant se réveille et au lieu d'être le bourreau il se transforme en sauveur. Le dominé reprend des forces et dès qu'il s'émancipe il devient à son tour le bourreau en voulant montrer qu'il existe, jusqu'à ce que le dominant ne se sente plus respecté et qu'il reprenne son rôle de bourreau et c'est reparti pour un tour.

 

 

2. Identifier ses ressentis face à un pervers narcissique

La seule personne capable d'identifier ses ressentis ici c'est le dominé, car c'est lui qui se rend compte qu'il y a un problème. Le dominant étant bloqué dans la rigidité du contrôle et la "grandiosité" de l'image qu'il a de lui, est incapable de se remettre en question et de douter du bien-fondé de son comportement. 

 

Les ressentis négatifs du dominé sont les suivants :

- Ne pas être suffisant.

- Culpabiliser de ne jamais en faire assez.

- Devoir se justifier de tout.

- Se faire piéger dès que l'on essaye d'être indépendant.

- Sensation de sidération perpétuelle.

- Impression de perdre la mémoire, de confondre les conversations, doute sur la réalité.

- Prévoir des plans et des explications dès que l'on souhaite faire quelque chose qui va à l'encontre du raisonnement du dominant.

- Impression de devoir mentir, construire des stratégies, tout anticiper pour éviter la crise.

- Marcher sur des œufs. Hypervigilance quotidienne.

- Être anxieux pour des situations simples du quotidien tout en pouvant gérer des problèmes professionnels complexes. 

- Se sentir attaqué sans que l'offense soit clairement identifiable, reproches masqués, contournement, allusion.

- Être systématiquement tenu pour responsable de tous les problèmes de l'autre : clefs égarées, mal de tête, ou problème pro : c'est toujours la faute du dominé.

- Avoir l'impression de devoir répondre de ses choix, son identité et ses valeurs.

- Préférer se taire ou abdiquer que de devoir revivre son propre procès, une fois de plus, en sachant que l'on est présumé et jugé coupable dès le départ. 

 

Les ressentis positifs du dominé sont les suivants :

- Sensation de passion et de résurrection à chaque moment d'accalmie, au passage du dominant de bourreau à sauveur. 

- Apaisement face à la réalité vécue comme "normale" car elle rappelle les premiers temps. 

- Tout ce qui se rapporte aux émotions de la rencontre vient apaiser le chaos du quotidien et donne l'impression de ne pas être fou, de retrouver ses marques. 

- Profonde estime de soi et conscience de soi retrouvées lorsque le dominant redevient "sauveur" aimant et respectueux. 

- Sensation d'addiction à ce moment-là. 

- Sensation de pardon profond, sincère et définitif. 

- Impression de pouvoir, que tout est possible que l'amour est plus fort que tout. 

 

.... Tout cela jusqu'à la prochaine crise, qui sera vécue de façon de plus en plus violente jusqu'à crée une accoutumance à la violence et faire monter le seuil de tolérance du dominé jusqu'à écrasement total. 

 

3. Comprendre la difficulté face à un pervers narcissique

 

La plus grande difficulté c’est que le dominé court après la validation du dominant.

Et le dominant court après les preuves d’amour inconditionnel du dominé.

Donc chacun nourrit l’autre et la relation de son problème et de ses besoins, c'est un cercle vicieux infini.

 

Un triptyque perversion - narcissisme - drame de la prophétie auto-réalisatrice et des croyances

La perversion vient du fait que le dominant est incapable de montrer son amour sans avoir peur de se faire avoir au passage, il va donc perpétuellement critiquer le dominé tout en attendant qu'il l'aime inconditionnellement avec preuves à l'appui. Sauf qu'en s'engouffrant dans ce système il n'a qu'une seule preuve ; celle qu'il fait bien de douter car il n'est pas aimé comme il le souhaite.

Le narcissisme c'est le besoin de se noyer dans ce reflet d'amour que les autres lui renvoient. 

Le drame : c'est que le dominant vit la prophétie auto-réalisatrice qu'il est indigne d'être aimé, et que personne ne saura jamais l'aimer suffisamment. Il crée des situations dans son quotidien qui lui permettent de s'auto convaincre de sa croyance.

 

Diviser pour mieux régner, mais de façon inconsciente

Cette incapacité à produire et recevoir de l'amour s'illustre avec la posture du dominant vis à vis du dominé ; il lui donne des conseils mais ne sait pas le soutenir ou l’encourager car reconnaitre la valeur de l’autre c’est pour lui se confronter à son manque de valeur à lui. Aimer l’autre c’est donner ce qu’il estime ne pas recevoir à sa juste valeur. S’il le fait pour l’autre, cela le renvoie à ce qu’il attend des autres et qu’ils ne font pas pour lui : c’est invivable.

Car c’est la preuve quotidienne qu’il n’est pas aimé à sa juste valeur, qu’il est détesté de tous, et qu’il est humilié par ce manque de respect évident.

Le dominant est renfermé dans un complexe de supériorité bancal : gros ego + petite estime de soi.

En termes de comportement le dominant va briller à l’extérieur du foyer par son charisme (qui a séduit le dominé aussi), il va dire du bien de tout le monde, être respecté de tous : drôle, intelligent, serviable, tout le monde le complimente et ne se cache pas de le complimenter auprès du dominé.

D’ailleurs, lorsque le dominé n’est pas là, il chante ses louanges auprès de tous (tous ceux auprès desquels il doit maintenir son statut et son aura pour les garder près de lui, tous ceux auprès desquels il a honte d’être qui il est et s’acharne à construire une image irréprochable).

 

En revanche, le dominé n’aura jamais vent de ces louanges, sauf le jour où il commencera à aller mal, en parlera à son entourage et à ce moment-là son entourage le « raisonnera » en lui disant qu’il « imagine des choses » que l’autre ne fait que chanter ses louanges, que ce n’est pas possible, qu’il doit avoir un problème et que ça ne peut pas être l’autre qui est si merveilleux…

 

Et là, le piège se referme sur le dominé, qui est isolé, se sent perdre la raison, démuni et sans force.

 

4. Sortir de la relation avec un pervers narcissique

 

Pour le dominé

Le dominé doit reconquérir sa valeur, son estime de lui, et sa capacité à se sentir et se savoir suffisant, important et compétent.

Le dominé doit apprendre à poser ses limites pour lui ; savoir dire non, stop, je te rends ce problème c'est le tien, il ne m'appartient pas, je ne suis pas responsable de ce qu'il t'arrive, c'est ton choix de penser cela, c'est ta responsabilité de faire ceci.

Le dominé doit aussi apprendre à respecter ses limites : ne plus chercher à prouver sa valeur à l'autre en en faisant trop, ne plus chercher à s'adapter à l'autre, ne plus chercher à rendre l'autre heureux, ne plus être intrusif vis à vis des problèmes de l'autre (et finir par en faire partie...).

C'est un travail en profondeur sur l'assertivité (exprimer son besoin sans peur, ni honte, culpabilité ou colère) et l'estime de soi.

 

Pour le dominant

Le dominant doit reconquérir son amour de lui-même, accepter et consoler sa part de noirceur et de vulnérabilité pour apprendre à aimer de façon inconditionnelle.

C'est tout d'abord un travail de réconciliation et de pardon de soi-même, de consolation de ne pas s'être aimé, et de ne pas avoir eu l'impression d'être aimé. 

Le dominant doit apprendre à se faire confiance (en s'aimant pleinement) et à faire confiance à l'autre en acceptant ses vulnérabilités et ses difficultés.

C'est un travail de compassion et de consolation qui permet de sortir du jugement, du contrôle et des sanctions pour basculer vers l'adaptabilité émotionnelle, la douceur et l'amour inconditionnel de soi d'abord. 

 

 

Conclusion : en finir avec la relation avec un pervers narcissique.

 

Identifier et sortir d'une relation avec un pervers narcissique, ce n'est pas regarder l'autre et lui jeter à la figure son masque de pervers. Cette posture ne fait qu'entretenir les rigidités de chacun dans le rôle de victime et du système dominant./dominé. 

La voie de sortie passe par un travail approfondi sur soi-même qui va permettre de désamorcer les croyances de chacun afin que l'emprise de cette relation n'ait plus aucun effet sur les deux partenaires. Pour cela, il faut aussi comprendre l'origine parentale des relations de pervers narcissique.

Pour ne plus voir de pervers il faut arrêter d'avoir peur du pervers, et le seul moyen c'est d'apprendre à se positionner face à lui en restant soi-même.

Ce n'est qu'en apprenant à travailler et gérer vos systèmes relationnels et vos comportements que vous allez pouvoir revenir à votre essence et être vous.

Cette posture permet de (re) construire votre estime de vous et votre amour de vous identitaires. C'est à dire vous aimer pour qui vous êtes au lieu de vous détester pour ce que vous faites. Et qui sait, peut-être que ce cheminement intérieur vous conduira à quitter votre partenaire actuel.

Nos comportements ne sont que le résultat de nos croyances, si les croyances évoluent, les comportements évoluent.

 

À vous de jouer maintenant.

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