On pourrait aussi dire que ma fille ne m'aime pas, que mon enfant ne m'aime pas, c'est exactement le même sujet partout... C'est la sensation de désamour que vous renvoie l'être le plus cher à vos yeux.
Elle est courante et pourtant chaque parent le vit comme une torture lorsque cela arrive. C'est d'autant plus choquant que l'on part du principe que l'amour filial c'est celui qui va durer toute la vie, contrairement à ce qu'il se passe dans une relation amoureuse.
Et c'est peut-être cette première hypothèse qui ne va pas du tout parce que non : il n'y a pas d'obligation à aimer, et surtout pas d'un enfant vis à vis de ses parents.
1. D'abord c'est quoi l'amour ?
L'amour, n'est pas un besoin que l'on déverse sur l'autre. L'amour c'est aussi de savoir rester à sa place.
L'amour n'est pas une transaction ; ce n'est parce que je te donne que tu dois me donner en retour.
L'amour n'est pas la preuve que nous sommes les mêmes et toujours d'accord sur tout, le désaccord n'est pas la preuve ou la conséquence du désamour, et ça c'est une chose que trop de monde confond encore.
Très souvent dans une relation, et encore plus souvent dans la relation parent/enfant il y a cette notion d'aimer sans limite, d'aimer plus que tout. Et ce postulat qui est faux va créer beaucoup de dispute car non seulement on devient étouffant lorsque l'on fait cela, car on impose à l'autre quelque chose qu'il n'a pas forcément demandé. Mais surtout on va chercher à se rassurer avec le retour que l'on a de l'autre sur notre propre valeur.
Limite - valeur - respect : ces éléments permettent de créer un amour "responsable". Lorsque le parent aime de façon irresponsable, on appelle cela un parent immature, et le parent immature va forcer inconsciemment son enfant à devenir "la personne mature" de la relation. Cet enfant risque ainsi de devoir vous repousser pour marquer ses limites. et vous allez avoir l'impression qu'il ne vous aime pas car cela crée un conflit compliqué à résoudre.
Comme vous ne voyez pas ce que vous faites de traverts, la seule alarme que vous avez c'est cet enfant qui vous repousse.
2. Lorsqu'une personne vous repousse, elle exprime sa souffrance
À travers la violence du rejet que votre enfant vous fait vivre, vous, vous ne voyez qu'un "mauvais" comportement. Et j'ai envie de vous dire que vous avez surement déjà vécu cela avec un partenaire aussi, car si ça arrive avec votre enfant, ça a du aussi se produire dans d'autres relations.
L'erreur à ne pas commettre c'est de confondre le comportement de l'enfant avec la personnalité de l'enfant.
Son comportement c'est le rejet.
L'origine du rejet c'est la souffrance qu'il ne sait pas exprimer.
Cette souffrance nait d'un souci inconscient dans votre relation.
Point.
Sa personnalité c'est autre chose, c'est la beauté de ce qui le rend unique.
Et ça, une fois de plus c'est partout pareil, dans toutes les relations.
Donc nous commençons à y voir plus clair : votre enfant vous rejette parce qu'il souffre et vous avez compris que désaccord ne veut pas dire désamour.
Donc autant dire que sa réaction n'est pas dirigée contre vous (contre votre personnalité) mais contre votre comportement inconscient qui le fait souffrir.
En résumé : un comportement qui vient de vous, renvoie votre enfant à une souffrance, et au final tout le monde souffre. Il n'est donc pas question d'amour.
3. Votre enfant vous rejette parce que vous lui imposez quelque chose qui lui fait du mal
Et oui :/
Il existe cette terrible phrase "le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions". Quoi que nous fassions, même avec les meilleurs intentions, n'est pas toujours si bon que ça, et c'est ok. Nous ne sommes pas parfaits.
Donc votre premier travail est d'accepter que vous faites un truc de travers.
La seconde est de trouver "quoi ?".
Et là, le travail ne va pas être d'aller le harceler pour qu'il vous donne la réponse mais de retourner le miroir vers vous et de travailler sur vous et sur votre relation.
Votre rapport à vous même :
Quelles sont vos peurs dans la parentalité ? Qu'est ce qui est difficile pour vous au quotidien ? Qu'est ce que vous avez l'impression de ne pas arriver à faire ? qu'est ce que vous avez du mal à vous pardonner ? Qu'est ce que vous voulez à tout prix faire pour votre enfant et qui vous coute ? Est-ce que vous avez l'habitude de vous sacrifier pour votre enfant ? Le prenez-vous à partir contre l'autre parent ?
Votre rapport à votre enfant :
Le critiquez-vous ? Le craignez-vous ? Le jugez-vous ? L'humiliez-vous ? (oui oui, vous savez cette phrase terrible : "mais non je te taquine" ou "tu vas pas pleurer pour ça") . Niez-vous ses émotions ? (ça c'est lorsque vous lui dites "mais tu crois pas que moi aussi je suis triste à cause de toi?".
Quel temps quotidien de qualité (sans écran, ni téléphone) lui accordez-vous ? Riez-vous avec lui ? Discutez-vous d'autre chose que des devoirs avec lui ? Lui dites-vous à quel point vous l'admirez ? A quel point vous êtes heureux de vivre avec lui ? fier d'être son parent ? Combien de fois par jour le serrez-vous dans vos bras ? .... La liste est très longue et pas finie...
Toutes ces questions vont vous aider à rééquilibrer votre posture de parent + adulte +mature + responsable vis à vis de votre enfant. Car en lisant ces questions vous allez vous rendre compte qu'il y a des phrases qui vous dérangent, des questions auxquelles vous n'avez pas de réponse, et d'autres qui vous font culpabiliser.
Votre travail va être de sortir de cette culpabilité, de sortir du doute est d'apprendre à être fier du parent que vous êtes.
PARENT : je te protège et je te nourris
ADULTE : je pose mes limites et je t'aide à respecter les tiennes
MATURE : je ne fais pas peser mes émotions sur toi car je les gère
RESPONSABLE : je te donne la place d'être toi-même et je me donne la place d'être moi-même
AMOUR : je t'aime pour qui tu es sans conditions